mardi 7 septembre 2010

Déflamandisation en périphérie.

Le gouvernement flamand constate la… « déflamandisation » en périphérie

LAMENSCH,MICHELLE

Lundi 6 septembre 2010

Le gouvernement flamand se démène pour tenter de préserver le caractère flamand de la périphérie bruxelloise : cours de langues pour allophones, interdictions d’affichage privé dans un autre idiome que le néerlandais, « Wooncode » (filtrant l’accès aux logements sociaux), décret « Wonen in eigen streek » limitant l’achat dans les nouveaux lotissements…

Pour appuyer cette politique, le service d’étude du gouvernement flamand a réalisé un profil socio-économique de la périphérie (le « Rand », soit les 19 communes qui bordent tant Bruxelles que les six communes à facilités) qu’il compare à celui du reste de la Flandre (1). Les conclusions de cette étude sont sévères : « Le caractère flamand de la périphérie reste sous pression, tant dans les communes à facilités que dans les communes sans facilités. L’ampleur des flux migratoires au départ de la Région bruxelloise continue à hypothéquer lourdement les initiatives politiques visant à promouvoir le caractère flamand de la périphérie. »

La périphérie séduit : d’ici à 2060, la population de Hal-Vilvorde (35 communes) devrait connaître une hausse presque aussi importante (+ 28 %) que celle de Bruxelles (+29 %) et nettement plus élevée que celle du reste de la Flandre (+15 %). Depuis 1997, la périphérie (Vilvorde, Dilbeek et Leeuw-Saint-Pierre, surtout) a gagné plus de 40.000 habitants au détriment de Bruxelles. Des jeunes ménages avec enfants, surtout. Dans le même temps, 16.800 habitants du cru (dans ces mêmes communes, surtout) sont partis en Flandre et 11.200 en Wallonie. « Ce n’est pas un hasard, dit l’étude, s’il s’agit chaque fois de communes confrontées à un afflux important de Bruxelles. »

La périphérie est active : elle abrite une part plus importante de revenus élevés. Elle est davantage bâtie. De 1985 à 2007, les surfaces de bureau y ont plus que décuplé pendant que le reste de la Flandre enregistrait une hausse de 264 %. Les prix des logements y sont de 35 % plus élevés et ceux des terrains de 48 % supérieurs. L’offre d’emplois dans le Rand dépasse la moyenne flamande. Le taux d’activité (les services, surtout) y est de 12 % plus élevé. La périphérie accueille plus de 70 % de la surface industrielle de Hal-Vilvorde et plus de 40 % de celle de tout le Brabant flamand.

Ces dernières années, plus que la Flandre (+9 %), la périphérie a vu croître le nombre de ses navetteurs vers Bruxelles (+32 %).

Scinder BHV, la solution ?

La périphérie s’internationalise : la natalité étrangère est plus forte que dans le reste de la Flandre. C’est surtout net dans les communes à facilités. Et l’écart continue de se creuser. Combien de jeunes ménages avec enfants parlent-ils le néerlandais à la maison ? 14 % dans les communes à facilités, 40 % dans le reste de la périphérie, contre 79 % dans le reste de la Flandre. L’enquête en conclut : « La “dénéerlandisation” de la population reproductive ne cesse de s’amplifier en périphérie. »

L’enseignement flamand du Rand accueille beaucoup d’allophones : plus de la moitié des élèves de primaire, dans les communes à facilités, et cela va croissant. Mais, pour l’ensemble du Rand, plus de 35 % de ces élèves du primaire ne parlent pas le néerlandais à la maison. La proportion grimpe à 70 % dans les communes à facilités.

Selon l’étude, le nombre de Bruxellois, principalement allophones, inscrits dans les écoles flamandes de la périphérie s’est accru de 20 % en cinq ans. Cela s’explique : à Bruxelles, il faut avoir fréquenté une crèche flamande durant un an pour être admis dans une école fondamentale de périphérie. Dans le Rand, cette règle n’est pas d’application.

Une scission de BHV désolidariserait les destins électoraux des francophones de Bruxelles et de la périphérie. Cela aurait-il pour effet de dissuader des Bruxellois francophones d’encore aller s’installer en périphérie, au point de modifier son profil socio-économique, effet tant recherché par la Flandre ?

(1) De Vlaamse Rand : socio-economisch profiel en een blik op het Vlaamse karakter par Daniël Derudder.

www.docu.vlaamserand.be

Aucun commentaire: