Pourtant, le président de la N-VA n'a pas rendu un rapport, copie conforme du programme de son parti. Il a rédigé un texte de synthèse dans lequel tous les partis flamands, tous les éditorialistes du nord du pays et donc une large partie de l'opinion publique de Flandre peuvent se retrouver. Comme tous restent très peu critiques avec l'homme le plus populaire de Flandre quand celui-ci déclare qu'il fait d'importantes concessions... tous le croient sur parole !
Si le rapport au Roi (le dernier qui lira le texte) rassemble au Nord du pays, il fait l'unanimité contre lui au Sud. Bart De Wever, un moment isolé, regroupe ainsi autour l'essentiel de l'opinion publique flamande.
Mais les partis francophones ont sans doute réagi dans la précipitation. Olivier Maingain (FDF, vice-président du MR) est le premier à réagir et dans la foulée, le cdH parle de "position unilatérale peu susceptible de rapprocher", le PS dénonce "le caractère unilatéral, parfois provocateur" et pour Ecolo "il s'agit d'une note partiale et déséquilibrée".
A la lecture des 52 pages du rapport, on est saisi en effet par la portée unilatérale du texte : Bart De Wever organise clairement la structure de la Belgique nouvelle sur un modèle largement confédéral où dominent deux communautés, à l'autonomie fiscale avérée avec Bruxelles sous tutelle et un état fédéral réduit à la portion congrue. Quasiment tous les mécanismes de solidarité sont appelés à se réduire drastiquement et le sous-financement de la Wallonie et de Bruxelles est cyniquement organisé. On peut chercher en vain dans ce rapport, les concessions faites aux Francophones... si ce n'est que Bart De Wever "concède" effectivement de ne réaliser que 70 ou 80% de ses revendications !
Mais si l'analyse des partis francophones est recevable, la réaction très épidermique de ceux-ci risque de perturber la stratégie future. Avec une telle précipitation, les partis flamands ont beau jeu de dire que le "NON" francophone était prêt, quelque soit le texte rédigé par Bart De Wever. Le président de la N-VA voulait présenter l'image d'un pays coupé en deux par la faute des francophones. PS, CDH et Ecolo se sont précipités dans le piège.
Certes, sur le fond, cela ne changera rien. Il est maintenant avéré que la N-VA (bien qu'elle s'en défende) ne peut faire de compromis avec des formations francophones. Le seul que les nationalistes aient accepté c'est celui du contournement d'Anvers (pont ou tunnel ?).
Depuis le 13 juin, deux conceptions de la Belgique se font face. Elles n'ont guère varié depuis.
Philippe Walkowiak
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