La mise à l'index de la chanson française et flamande dans les couloirs du métro bruxellois a suscité un flot de réactions et de commentaires; et pas seulement en Belgique puisque toute la presse en ligne hexagonale s'est emparée de cette étonnante décision. Dès lors, la STIB va peut-être faire marche arrière.
Suite à des plaintes d'usagers qui s'étaient étonnés d'entendre des chansons en français mais pas en néerlandais tandis qu'ils attendaient leur rame de métro, la STIB aurait purement et simplement décidé de mettre à l'index les interprètes trop "linguistiquement incorrects". Exit donc les Brel, Brassens, Bénabar ou autres Calogero, et exit aussi les Johan Verminnen, Paul Severs ou encore Will Tura... La décision de la société des transports publics bruxellois de retirer ces morceaux aurait été prise pour éviter de heurter les sensibilités. Elle a surtout créé un véritable tollé.
Mais voilà que face au concert des protestations, la STIB tente de calmer le jeu: non, personne n'est mis à l'index, dit ainsi An Van Hamme, l'une des porte-paroles de la STIB. Les morceaux belges pourront être diffusés à condition qu'ils soient chantés dans la langue de Shakespeare, explique-t-elle à 7sur7. Voilà qui fera certes plaisir à dEus, à Ozark Henry ou encore à Hooverphonic mais qui désappointera les fans de Stromae, auteur d'un hit quasi-planétaire cette année et, pour son malheur, chanté en français.
Mais le porte-parole francophone, Jean-Pierre Alvin, émet un autre son de cloche: si une chanson française figure dans les "charts" internationaux, elle ne sera pas bannie des couloirs du métro, affirme-t-il. Simplement, il n'y a pas de quota selon lui: c'est la popularité internationale du "hit" qui justifie qu'il soit diffusé.
Contacté par nos soins Jean-Pierre Alvin confirme son propos et déplore qu'il ait pu y avoir du flottement dans la communication, se disant surpris par l'ampleur de la polémique. Il confirme que les STIB a reçu quelques dizaines de plaintes émanant de néerlandophones, mais relativise leur ampleur en regard du taux de satisfaction de 87% exprimé par les usagers de la STIB.
Jeudi matin, le Soir affirme que le PS va demander, via ses représentants au conseil d'administration, la réintroduction d'un quota de morceaux chantés dans les deux langues nationales. Le français et le flamand pourraient donc retrouver officiellement droit de cité dans les boyaux souterrains de Bruxelles. Mais pour Jean-Pierre Alvin ce n'est pas une bonne idée. "Bien sûr si notre autorité de tutelle nous l'impose, on s'exécutera, mais ce ne serait pas une bonne formule car il faudra en permanence veiller au respect ce quota et on voit mal sur quelles bases l'établir", dit-il.
La ministre de tutelle Brigitte Grouwels comprend le souci de la STIB de rester "neutre au niveau communautaire". Mais pour ne pas défavoriser les artistes de chez nous par rapport aux artistes étrangers, elle demandera à la STIB d'élaborer une réglementation permettant la diffusion de suffisamment de chansons dans les deux langues officielles de la Région de Bruxelles-Capitale dans le métro.
T.N.