“La politique est une guerre, nous ne sommes pas des mauviettes” : Bart De Wever au secours de Philippe Muyters
« C’est un moment particulièrement douloureux et difficile. Je savais que la politique c’était dur, je ne savais pas que c’était aussi dur que ça. Je suis ému. » Ce sont les propos tenus hier soir par Philippe Muyters.
Philippe Muyters n’est pas suffisamment connu côté francophone. C’est l’un des deux ministres de la NVA au gouvernement flamand. Si au sud on se focalise souvent sur Geert Bourgeois, parce qu’il est le ministre de l’intérieur et qu’il a notamment la tutelle sur les communes de la périphérie de Bruxelles, Philippe Muyters, plus rond, en apparence moins austère que Geert Bourgeois, a dans ses compétences le budget, les finances, l’emploi, l’aménagement du territoire et même le sport, c’est vous dire si c’ est un poids lourd du gouvernement flamand.
L’affaire remonte au début de l’année 2010. Devant la commission des finances du parlement flamand Philippe Muyters affirme qu’il n’y a pas de raison de penser que l’objectif budgétaire ne sera pas atteint. L’opposition réclame le rapport du comité de monitoring pour en avoir la certitude, mais le ministre refuse. Un des collaborateurs du ministre explique alors dans un mail que si on ne peut pas transmettre ce rapport c’est parce qu’il montre que le ministre a menti, qu’il y a bel et bien un dérapage budgétaire, à cause je cite, « dessalopards de l’enseignement » (je vous rappelle que le ministre de l’enseignement en Flandre est Pascal Smet du SPA).
Hier le mail en question se retrouve sur la place publique. Evidement dans ces cas-là c’est un peu embarrassant pour le ministre. Sur le coup de 20 heures Philippe Muyters convoque une conférence de presse en urgence. On se demande même s’il ne va pas démissionner. Devant les caméras et les photographes, Muyters est accompagné de Geert Bourgeois et de son président de parti Bart De Wever lui-même. Finalement il explique qu’il reste à son poste. Ce ne serait pas correct de démissionner affirme-t-il soulignant que l’auteur de ce fameux mail a été sanctionné et estimant être victime d’une chasse aux sorcières.
Lors de cette conférence de presse Bart De Wever prend aussi la parole. Il reconnaît que le langage utilisé dans le mail était inacceptable. Mais il embraye « si tout qui envoie un mail malheureux doit démissionner il n’y aura plus grand monde qui aura du travail, puis, attention c’est du Bart dans le texte, la politique est une guerre, nous ne sommes pas des mauviettes, mais ce qui a été fait aujourd’hui contre Philippe Muyters dépasse les limites de la bonne guerre ».
Si on peut, très modestement, se permettre de contredire le président de la NVA, la politique, ce n’est justement pas la guerre. Au contraire, la démocratie, c’est l’art du débat, et les affrontements ne sont que des combats d’idées. Si vous vous dites que la politique est parfois virile en Wallonie ou à Bruxelles, ou que l’Olivier souffre parfois de dissensions fortes, les propos guerriers d’hier soir et l’incident du mail démontrent qu’en Flandre ce n’est pas beaucoup mieux.
L’affaire n’est pas qu’une anecdote : la NVA aura du mal à accepter de nouvelles coupes sombres budgétaires probablement inévitables. Or, en cas de dérapage, le fédéral sollicitera à nouveau les entités fédérées. La NVA hurlera au hold-up. Attaquer Philippe Muyters c’est donc fragiliser un ministre qui est, déjà, dans une position inconfortable.
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