Les francophones de Flandre contre un "génocide culturel silencieux"
Christian Laporte
Mis en ligne le 26/11/2012
La francophonie en Flandre a sauté dans cette brèche pour interpeller la Belgique sur la non-reconnaissance de certains droits, notamment culturels, à l’égard des francophones en Flandre.
Ces mardi 27 et mercredi 28 novembre se tient à Genève le Forum des minorités de l’Onu. L’événement n’est pas qu’académique : cela fait vingt ans que l’assemblée générale de l’Organisation des Nations unies a adopté la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques. Cette reconnaissance a donné un souffle nouveau à l’action de l’Onu dans ce domaine. La Déclaration proclame ainsi le droit des minorités à jouir de leur propre culture; de professer et de pratiquer leur propre religion; d’utiliser leur propre langue; et de quitter tout pays, y compris le leur, voire de retourner dans leur pays.
Comme les Etats sont invités à prendre des mesures afin de promouvoir le respect de ces droits, l’Association pour la promotion de la francophonie en Flandre a sauté dans cette brèche pour interpeller la Belgique sur la non-reconnaissance de certains de ces droits, notamment culturels, à l’égard des francophones en Flandre toujours pas considérés comme une minorité même si en septembre 2002 un rapport de la députée suisse Lili Nabholz-Haidegger fut approuvée dans ce sens au Conseil de l’Europe.
Le Forum genevois est donc une belle occasion pour (re)taper sur le clou, en attendant la suite du traitement de la plainte initiée par les responsables de l’APFF, Marcel Bauwens et Edgar Fonck. Mais comme la thématique retenue est l’avenir et la jeunesse, c’est Emilie Fonck, étudiante en Master en études européennes à finalité politique à l’Institut d’Etudes européennes de l’ULB, qui demandera de pouvoir intervenir au nom de l’APFF. Elle le fera mercredi matin dans la partie intitulée "Difficultés et problèmes rencontrés dans la mise en œuvre pratique de la Déclaration".
"Ce sera une nouvelle occasion d’évoquer à un échelon international ce que nous n’hésitons pas à qualifier de génocide culturel silencieux même si le terme est très fort, reconnaît le président de l’APFF, Edgar Fonck. Nous y évoquerons certainement aussi toutes les difficultés rencontrées depuis que nous avons lancé le processus en respectant les modalités de la procédure 1503 de la Commission des droits de l’homme. Comme les règles sont très strictes, notamment en matière de confidentialité, il est même difficile d’obtenir des renseignements sur l’avancement de la plainte."
Et d’expliquer qu’un premier examen de la plainte a eu lieu à la fin du mois d’août par le groupe de travail des communications de la procédure de requête mais à ce jour l’APFF n’a pas eu le moindre signe de la manière dont son traitement se poursuivra. Soit, elle pourrait être classée sans suite, soit elle pourrait revenir à la session suivante pour un examen approfondi ou parce qu’un complément d’information est nécessaire, soit, enfin, elle pourrait passer au groupe de travail sur les situations.
Le mutisme total des autorités
"La Belgique a certainement déjà dû formuler un avis mais nous n’avons pas la moindre idée dans quelle direction il irait. Pas à ce flou absolu, il est temps que l’on nous dise au moins vers quoi on se dirige. Pour l’heure, c’est vraiment le pot de terre contre le pot de fer. C’est évidemment déjà un miracle que l’Onu s’intéresse à une petite association représentant les plus de 350 000 francophones de Flandre."
Edgar Fonck se demande aussi à juste titre si les entités fédérées auront aussi leur mot à dire. "Nous comptons en tout cas nous faire entendre avant que la minorité francophone n’ait droit à un enterrement de première classe"
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