L’OFFENSIVE
FLAMANDE SUR BRUXELLES ET LA WALLONIE EST-ELLE ENRAYEE OU CHANGEMENT DE
TACTIQUE ?
On est le 29
juin 2003, au soir, « La nuit des longs couteaux » est ouverte :
Louis Michel, MR, et Elio Di Rupo ,
PS, dépose sur la table des négociations gouvernementales les revendications
francophones en contrepoids aux exigences flamandes portant sur de nouvelles
réformes institutionnelles, 10 points, la « liste des horreurs », de
son nom de baptême :
- Adoption de la convention-cadre de protection des minorités.
- Accès de tous les élèves à l’enseignement francophone en périphérie, ainsi qu’une inspection linguistique francophone.
- Ouverture d’une chambre paritaire au Conseil d’Etat, section administration pour les affaires touchant aux questions linguistiques
- Retrait de la circulaire Peeters, et fin des initiatives flamandes dans ce domaine. La compétence fédérale est exclusive.
- Emploi des langues à Bruxelles : diminution des exigences linguistiques pour le personnel communal et de police ; insertion de l’accord de courtoisie linguistique dans la loi fédérale.
- Tutelle du fédéral sur les communes : pour les élections fédérales et régionales, en matière linguistiques…
- Accord de coopération culturelle sans reconnaissance du principe de territorialité strict.
- Bilinguisme à l’aéroport de Zaventem.
- Refédéralisation de la médecine préventive en matière de santé publique : vaccins et consultations de l’ONE.
- Assurance dépendance fédérale.
Dix ans plus
tard, c’est la mise en chantier de la 6e réforme de l’Etat avec Elio Di Rupo , PS, comme meneur du « jeu »,
Premier-ministre ! Qu’en est-il de la « Liste des
horreurs » ? Qui peut faire le point ? Qui peut dire que le PS
et le MR chantent sur le même air ?
Au PS, avec Rudy
Demotte, ministre-président de la Région et de la Fédération
Wallonie-Bruxelles, c’est le chant sur un autre la avec le président du MR
Charles Michel : « En Charles Michel, on ne peut pas avoir
confiance ». Même ambiance entre les présidents de parti, Paul Magnette,
PS, et Charles Michel, MR, ça coince ! Le rendez-vous de mai 2014 agite
déjà leurs états-majors.
Alors, sur quel
chemin la grande « union francophone » prônée début mars 2013 par Daniel Ducarme, MR, s’engagera-t-elle ? Quel
carrefour prendra-t-elle ? Bisbrouille, bisbille, égotisme,
irresponsabilité, incurie, carriérisme, division, unité, union, rassemblement,
rattachisme, unionisme, régionalisme, fédéralisme, confédéralisme, fusionisme,
belgicanisme, bilinguisme généralisé… ? Nous l’invitons à prendre le
carrefour du bon sens…
Le bon sens
sera-t-il au rendez-vous ?
Benoît Lutgen,
président du CDH, trace la voie : « Si demain la Flandre choisit le
séparatisme et la N-VA, je peux déjà dire à Bart De Wever cela sera sans
Bruxelles ».
Olivier
Maingain, président du FDF, est catégorique : « La Fédération
Wallonie-Bruxelles doit s’affirmer comme un Etat ».
Jean-Claude
Marcourt, PS, fixe les limites internes des territoires : « La
Belgique doit être fondée sur trois Régions »
Jean-Marc
Nollet, Ecolo, prône : « Quatre Régions et des déclarations
d’interdépendance ».
José Happart,
PS, se prononce pour le confédéralisme.
Cacophonie… Il
neige sur la Belgique.
La Région
bruxelloise est « encarcanée » ; l’instauration d’un condominium
de la Flandre et de la Wallonie sur Bruxelles, voulu par la Flandre, prend forme.
Le fédéralisme mue et s’engage frileusement sur la voie du confédéralisme. La
Belgique grelotte.
Dans un
entretien au quotidien Standaard, Geert Bourgeois, fondateur de la N-VA,
Vice-président du gouvernement flamand, accélère le mouvement ; il déclare
impérialement : « Tout doit revenir à la Flandre : la fiscalité,
l’emploi, la sécurité sociale, les pensions… Tout ». La Belgique entre
dans la glaciation…
En réaction, les
ténors des partis traditionnels francophones font de la musculation. Isolément.
Calcul politique ?
Charles Michel,
président du MR : « Il n’y a pas de surprise. Geert Bourgeois affirme
tout haut ce que Bart De Wever dit tout bas. C’est la stratégie du brouillard
utilisée par la N-VA : le confédéralisme, c’est un mot poli pour séparatisme ».
Laurette
Onkelinx, Vice-première, PS, présidente de la Fédération socialiste
bruxelloise : Personne ne touchera au statut de Bruxelles, une Région à
part entière au même titre que la Flandre et la Wallonie. Les Bruxellois sont
les seuls habilités à décider de leur sort… »
Benoît Cerexhe,
chef de groupe CDH au Parlement bruxellois, bourgmestre de
Woluwe-St-Pierre : »… Pas question de cogestion. Il devra me passer
sur le corps et celui des francophones. S’il veut l’autonomie, il devra lâcher
Bruxelles ».
Cacophonie. Que
n’ont-ils pas déclaré – et signé – avant l’abandon de la périphérie
bruxelloise. Pas question de la « grande union francophone » prônée
par Daniel Ducarme. La brume s’étend
sur la Belgique…
… La
reconstitution de la Grande Néerlande se poursuit sous le couvert de la
réduction des dépenses publiques… Après l’économie et l’armée, la diplomatie
fusionne avec la diplomatie néerlandaise sous le fallacieux prétexte de
« redéfinir les priorités du réseau diplomatique dans le monde ».
L’actuel gouvernement conduit par Elio Di Rupo ,
PS, secondé par Didier Reynders, MR, Vice-premier ministre, ministre des
Affaires étrangères, va-t-il contribuer à l’enfermement de la communauté
française de Belgique dans une langue unique imposée par la Grande Néerlande en
reconstitution ? La grisaille s’abat sur la Belgique…
Dans cette
atmosphère nébuleuse de reconstitution de la Grande Néerlande, une voix CDH
bruxelloise s’est élevée : celle de Benoît Cerexhe. Le nouveau bourgmestre
de Woluwe-St-Pierre lance un cri d’alarme, un cri de détresse dans un entretien
avec Véronique Lamquin, publié dans le quotidien Le Soir du 22 mars 2013 ;
« La Flandre veut étouffer Bruxelles pour mieux l’absorber … Elle a
une stratégie de ponction de l’économie bruxelloise vers l’hinterland »….
Il donne des preuves. « Fin 2004, la Flandre a lancé son plan Start (dit
plan Leterme, CD&V, ndlr) pour le développement économique de l’axe
Anvers-Zaventem »… Il cite ; « Le Diabolo relie Anvers à
Zaventem sans passer par Bruxelles, la tramification du Brabant flamand,
l’élargissement du ring, la construction d’un centre commercial U-Place à
Machelen, un Trade Mart à Willebroek… ». Benoît Cerexhe dénonce une
stratégie délibérée d’étouffement de Bruxelles. Il pointe « des signaux
inquiétants. Comme l’intervention permanente des comités de quartier dès qu’un
projet d’activité productive, de commerce ou d’horeca émerge… la vision visant
à limiter l’accès de la ville à la voiture, avec la création de goulets
d’étranglement ou l’instauration d’un péage urbain… ». La brume s’étend
sur la Belgique romane.
A côté des
« grands » partis politiques, le FDF – représenté au Parlement -, le
Rassemblement Wallonie-France, le Rassemblement Wallon ne peuvent-ils pas faire
revivre leurs fondamentaux, avoir un rôle messianique en prônant une union
entre eux et toutes les associations, tous les groupements francophones de
Bruxelles, de Flandre et de Wallonie, soucieux de rendre la dignité aux
citoyens d’expression française ? Ne peuvent-ils pas avoir une capacité
d’écoute de tous les citoyens sans que chacun d’entre eux renie ses
fondamentaux ? Positivisme. Le choix de l’union.
Entendons le
message de Virgile Rossel : « Gardons intact le culte de notre langue
et le respect de notre passé ».
Faisons vivre
notre culture ! Suscitons une réflexion collective sur notre passé pour
prendre ensemble le chemin qui donne sens et bonheur en notre vie ! Le
soleil brille sur la Belgique romane.
Raymond WATRICE
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