samedi 30 mars 2013

Ne plus rien accorder aux flamingants et divorcer.


L’OFFENSIVE FLAMANDE SUR BRUXELLES ET LA WALLONIE EST-ELLE ENRAYEE OU CHANGEMENT DE TACTIQUE ?

On est le 29 juin 2003, au soir, « La nuit des longs couteaux » est ouverte : Louis Michel, MR, et Elio Di Rupo, PS, dépose sur la table des négociations gouvernementales les revendications francophones en contrepoids aux exigences flamandes portant sur de nouvelles réformes institutionnelles, 10 points, la « liste des horreurs », de son nom de baptême :
  1. Adoption de la convention-cadre de protection des minorités.
  2. Accès de tous les élèves à l’enseignement francophone en périphérie, ainsi qu’une inspection linguistique francophone.
  3. Ouverture d’une chambre paritaire au Conseil d’Etat, section administration pour les affaires touchant aux questions linguistiques
  4. Retrait de la circulaire Peeters, et fin des initiatives flamandes dans ce domaine. La compétence fédérale est exclusive.
  5. Emploi des langues à Bruxelles : diminution des exigences linguistiques pour le personnel communal et de police ; insertion de l’accord de courtoisie linguistique dans la loi fédérale.
  6. Tutelle du fédéral sur les communes : pour les élections fédérales et régionales, en matière linguistiques…
  7. Accord de coopération culturelle sans reconnaissance du principe de territorialité strict.
  8. Bilinguisme à l’aéroport de Zaventem.
  9. Refédéralisation de la médecine préventive en matière de santé publique : vaccins et consultations de l’ONE.
  10. Assurance dépendance fédérale.

Dix ans plus tard, c’est la mise en chantier de la 6e réforme de l’Etat avec Elio Di Rupo, PS, comme meneur du « jeu », Premier-ministre ! Qu’en est-il de la « Liste des horreurs » ? Qui peut faire le point ? Qui peut dire que le PS et le MR chantent sur le même air ?
Au PS, avec Rudy Demotte, ministre-président de la Région et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est le chant sur un autre la avec le président du MR Charles Michel : « En Charles Michel, on ne peut pas avoir confiance ». Même ambiance entre les présidents de parti, Paul Magnette, PS, et Charles Michel, MR, ça coince ! Le rendez-vous de mai 2014 agite déjà leurs états-majors.
Alors, sur quel chemin la grande « union francophone » prônée début mars 2013 par Daniel Ducarme, MR, s’engagera-t-elle ? Quel carrefour prendra-t-elle ? Bisbrouille, bisbille, égotisme, irresponsabilité, incurie, carriérisme, division, unité, union, rassemblement, rattachisme, unionisme, régionalisme, fédéralisme, confédéralisme, fusionisme, belgicanisme, bilinguisme généralisé… ? Nous l’invitons à prendre le carrefour du bon sens…

Le bon sens sera-t-il au rendez-vous ?
Benoît Lutgen, président du CDH, trace la voie : « Si demain la Flandre choisit le séparatisme et la N-VA, je peux déjà dire à Bart De Wever cela sera sans Bruxelles ».
Olivier Maingain, président du FDF, est catégorique : « La Fédération Wallonie-Bruxelles doit s’affirmer comme un Etat ».
Jean-Claude Marcourt, PS, fixe les limites internes des territoires : « La Belgique doit être fondée sur trois Régions »
Jean-Marc Nollet, Ecolo, prône : « Quatre Régions et des déclarations d’interdépendance ».
José Happart, PS, se prononce pour le confédéralisme.
Cacophonie… Il neige sur la Belgique.

La Région bruxelloise est « encarcanée » ; l’instauration d’un condominium de la Flandre et de la Wallonie sur Bruxelles, voulu par la Flandre, prend forme. Le fédéralisme mue et s’engage frileusement sur la voie du confédéralisme. La Belgique grelotte.

Dans un entretien au quotidien Standaard, Geert Bourgeois, fondateur de la N-VA, Vice-président du gouvernement flamand, accélère le mouvement ; il déclare impérialement : « Tout doit revenir à la Flandre : la fiscalité, l’emploi, la sécurité sociale, les pensions… Tout ». La Belgique entre dans la glaciation…

En réaction, les ténors des partis traditionnels francophones font de la musculation. Isolément. Calcul politique ?
Charles Michel, président du MR : « Il n’y a pas de surprise. Geert Bourgeois affirme tout haut ce que Bart De Wever dit tout bas. C’est la stratégie du brouillard utilisée par la N-VA : le confédéralisme, c’est un mot poli pour séparatisme ».
Laurette Onkelinx, Vice-première, PS, présidente de la Fédération socialiste bruxelloise : Personne ne touchera au statut de Bruxelles, une Région à part entière au même titre que la Flandre et la Wallonie. Les Bruxellois sont les seuls habilités à décider de leur sort… »
Benoît Cerexhe, chef de groupe CDH au Parlement bruxellois, bourgmestre de Woluwe-St-Pierre : »… Pas question de cogestion. Il devra me passer sur le corps et celui des francophones. S’il veut l’autonomie, il devra lâcher Bruxelles ».
Cacophonie. Que n’ont-ils pas déclaré – et signé – avant l’abandon de la périphérie bruxelloise. Pas question de la « grande union francophone » prônée par Daniel Ducarme. La brume s’étend sur la Belgique…

… La reconstitution de la Grande Néerlande se poursuit sous le couvert de la réduction des dépenses publiques… Après l’économie et l’armée, la diplomatie fusionne avec la diplomatie néerlandaise sous le fallacieux prétexte de « redéfinir les priorités du réseau diplomatique dans le monde ». L’actuel gouvernement conduit par Elio Di Rupo, PS, secondé par Didier Reynders, MR, Vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, va-t-il contribuer à l’enfermement de la communauté française de Belgique dans une langue unique imposée par la Grande Néerlande en reconstitution ? La grisaille s’abat sur la Belgique…

Dans cette atmosphère nébuleuse de reconstitution de la Grande Néerlande, une voix CDH bruxelloise s’est élevée : celle de Benoît Cerexhe. Le nouveau bourgmestre de Woluwe-St-Pierre lance un cri d’alarme, un cri de détresse dans un entretien avec Véronique Lamquin, publié dans le quotidien Le Soir du 22 mars 2013 ; « La Flandre veut étouffer Bruxelles pour mieux l’absorber … Elle a une stratégie de ponction de l’économie bruxelloise vers l’hinterland »…. Il donne des preuves. « Fin 2004, la Flandre a lancé son plan Start (dit plan Leterme, CD&V, ndlr) pour le développement économique de l’axe Anvers-Zaventem »… Il cite ; « Le Diabolo relie Anvers à Zaventem sans passer par Bruxelles, la tramification du Brabant flamand, l’élargissement du ring, la construction d’un centre commercial U-Place à Machelen, un Trade Mart à Willebroek… ». Benoît Cerexhe dénonce une stratégie délibérée d’étouffement de Bruxelles. Il pointe « des signaux inquiétants. Comme l’intervention permanente des comités de quartier dès qu’un projet d’activité productive, de commerce ou d’horeca émerge… la vision visant à limiter l’accès de la ville à la voiture, avec la création de goulets d’étranglement ou l’instauration d’un péage urbain… ». La brume s’étend sur la Belgique romane.

A côté des « grands » partis politiques, le FDF – représenté au Parlement -, le Rassemblement Wallonie-France, le Rassemblement Wallon ne peuvent-ils pas faire revivre leurs fondamentaux, avoir un rôle messianique en prônant une union entre eux et toutes les associations, tous les groupements francophones de Bruxelles, de Flandre et de Wallonie, soucieux de rendre la dignité aux citoyens d’expression française ? Ne peuvent-ils pas avoir une capacité d’écoute de tous les citoyens sans que chacun d’entre eux renie ses fondamentaux ? Positivisme. Le choix de l’union.

Entendons le message de Virgile Rossel : « Gardons intact le culte de notre langue et le respect de notre passé ».
Faisons vivre notre culture ! Suscitons une réflexion collective sur notre passé pour prendre ensemble le chemin qui donne sens et bonheur en notre vie ! Le soleil brille sur la Belgique romane.

Raymond WATRICE

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