Le manifeste du FDF adopté à la quasi-unanimité
Mathieu Colleyn
Mis en ligne le 28/04/2013
Le FDF présentait son manifeste en congrès ce dimanche. En voici les axes majeurs.
Le FDF ne partage pas l’optimisme de la majorité en place au fédéral, encore exprimée dans “La Libre” de ce samedi par le Premier ministre… “Les partis politiques au pouvoir temporisent les effets de la crise et extrapolent les effets de leurs actions”, martèle d’ailleurs le manifeste qui sera soumis aux militants ce dimanche à l’occasion d’un congrès. Non, les FDF sont “de ceux qui posent un diagnostic plus sévère”. “Nous ne nous en sortirons pas par quelques pirouettes budgétaires”; “pour éviter les décisions structurelles, à fort risque électoral, les partis au pouvoir refusent de s’engager dans des réformes proactives” sont quelques-unes des phrases introduisant un texte ébauchant le programme du parti pour 2014. Le FDF entend “remettre le modèle social en perspective à contre-courant du chant ambiant des sirènes néolibérales et des complaintes usées d’un socialisme désuet” non exhaustif.
L’Europe. Résolument proeuropéen, le manifeste veut renforcer le caractère fédéral de l’UE ainsi que les institutions que sont la Commission et le Parlement pour “une renaissance européenne”. Et prône, dans la droite ligne de Daniel Cohn-Bendit et de Guy Verhofstadt, l’instauration d’un collège électoral unique et de listes transnationales afin par exemple d’élire le président de la Commission de manière directe.
“Redonner à l’Etat la prééminence de la conduite des affaires publiques.”. Face à la complexité du monde, estime le FDF, le politique en général cède à la tentation “de restreindre le champ de vision et de compréhension des citoyens, en exaltant des certitudes réductrices…” Conséquences : un rejet de la représentation politique contre lequel il faut agir. Les FDF entendent renforcer le rôle de l’Etat selon cinq axes. Ils veulent un Etat progressiste retrouvant sa mission d’analyse des évolutions de la société. Un Etat pédagogue soucieux de l’enseignement dont les objectifs “doivent être replacés dans la continuité d’une formation toute au long de la vie”. Un Etat protecteur doit être retrouvé dans une société où “le juridisme remplace le civisme, la répression l’éducation et le désespoir la confiance”. Un Etat émancipateur pour “redéployer le modèle social autour d’un concept de responsabilisation…”: “l’Etat providence ne doit pas se réduire à un guichet distributeur d’allocations.” Un Etat contrôlé et responsable enfin. Le manifeste pointe le paradoxe suivant : “L’Etat soumet volontiers la société et les citoyens à un contrôle poussé, voire tatillon, mais offre de fortes résistances à toute évaluation de sa gestion.” Le parti entend renforcer le contrôle par la Cour des Comptes, le Conseil d’Etat des politiques qui sont menées.
Gouvernance. Il faut “une séparation stricte” entre le monde politique et économique, dit le manifeste qui plaide par exemple pour un moratoire empêchant tout mandataire de siéger comme administrateur dans de grandes multinationales. Il s’agit selon le texte d’une dérive inacceptable “liée aux avantages indécents de ces mandats” qui “met à mal l’indépendance de l’Etat”. Le manifeste prône un contrôle plus strict des rémunérations des mandataires et un débat sur le décumul des mandats.
Libéralisme social. Les FDF prônent un retour au libéralisme des Lumières tout en rejetant en même temps le collectivisme et les dérives du socialisme. “La liberté poussée à son extrême, tel que le préconise un courant du libéralisme économique, conduit à l’individualisme et la domination des puissances de l’argent sur la société”, dit encore le texte. Cette philosophie s’appliquerait par exemple dans une réforme fiscale supprimant certaines niches. Le système devant“revenir à des taux d’imposition plus bas mais appliqués à une base fiscale plus large”. Notamment “en déplaçant la fiscalité du travail vers des activités génératrices d’atteintes à l’environnement ou à la santé” et sur la spéculation. Réformer l’indexation des hauts salaires, et revoir le coût du travail sont aussi des pistes socio-économiques explorées.
Francophones. Le manifeste réaffirme la volonté de restructurer l’espace francophone autour de quatre niveaux de pouvoir : la Fédération Wallonie-Bruxelles, les Régions, les provinces et les communes. Notamment pour recentrer les missions de l’enseignement sur l’essentiel largement dépendant de la langue d’enseignement, selon les prescrits du centriste français François Bayrou. La Fédération doit être renforcée dans son rôle de garant de la solidarité entre Bruxelles et la Wallonie, répète le manifeste. Elle devra “si la Flandre revendique toujours plus d’autonomie” s’affirmer “comme un Etat au sein de la Belgique afin de faire jeu égal avec l’Etat flamand.”