mercredi 17 décembre 2014

Eclairage sur les racines flamingantes. Voir le site www.resistances.be

Hommage N-VA en l’honneur du fasciste van Severen

jeudi 23 octobre 2014, par AFF-Verzet,Rédaction de RésistanceS.be
La semaine dernière, le journal antifasciste en ligne AFF/Verzet, le partenaire flamand de RésistanceS.be, révélait les étrangers fréquentations du secrétaire d’Etat Théo Francken avec Bob Maes, un ancien collaborateur des nazis. Samedi prochain, c’est un autre membre important de la N-VA qui rendra à son tour hommage à un ancien dirigeant de l’extrême droite flamande. Le partenaire politique du MR collectionne sa nostalgie complaisante avec les heures sombres de notre pays.
INFO EXCLUSIVE des web-journaux RésistanceS.be et AFF/Verzet.

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Dans les années trente, meeting du Verdinaso, le mouvement flamand d’extrême droite fondé par Joris van Severen.
CE SAMEDI 25 OCTOBRE se tiendra dans la commune de Dentergem, en Flandre orientale, le « Sixième colloque Joris van Severen », du nom de l’ancien dirigeant-fondateur du Verdinaso, le mouvement d’extrême droiteflamand le plus important des années 1930, avec le Vlaams Nationaal Verbond (VNV, l’Union national-flamande).
L’un des piliers de ce colloque nostalgique est le bourgmestre de Dentergem en personne, Koen Degroote. Il est membre de la N-VA, le parti de Bart De Wever, mais également député fédéral. C’est-à-dire qu’il fait partie de la majorité parlementaire qui soutient le gouvernement fédéral de Charles Michel.
La semaine politique précédente a été animée par la polémique suscitée par les déclarations de Jan Jambon, le ministre N-VA de l’Intérieur, sur la collaboration et le scandale provoqué par la présence de Théo Francken, le secrétaire d’Etat N-VA à l’immigration et à l’asile, à l’anniversaire des 90 ans de Bob Maes. Pour rappel, membre du VNV, ce dernier fut collaborateur pendant l’occupation allemande, condamné à la Libération pour incivisme, puis fondateur du VMO, sénateur de la Volksunie et aujourd’hui président d’honneur de la section de Zaventem de la N-VA.
Les nouvelles révélations de ce jeudi de RésistanceS.be et de l’AFF/Verzet prouvent que le partenaire politique nationaliste flamand du MR compte donc dans ses rangs encore d’autres responsables pour qui l’évocation du passé fasciste de la Flandre ne pose aucun soucis. Comme le démontre la participation active, dans deux jours, du député fédéral-bourgmestre N-VA Koen Degroote au « Sixième colloque van Severen ».

1. Qui est Joris van Severen ?

Il est né le 19 juillet 1894 à Wakken, actuellement une section de la commune de Dentergem. Sous l’influence du curé de son village, il devient « flamingant ». Son engagement politique se renforce encore lorsqu’il adhère à l’Algemeen Katholiek Vlaams Studentenverbond (l’Union générale des étudiants catholiques flamands) et au Frontbeweging, un mouvement de soldats nationalistes prônant le pacifisme apparu à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1921, Joris van Severen est élu député pour le Frontpartij, directement issu du Frontbeweging. Ce nouveau parti politique agissait en tant que « Vlaamsche Front ». C’est de celui-ci que naîtra, en 1933, le parti d’extrême droite VNV.
Joris van Severen évolue ensuite de « flamingant de gauche » vers des conceptions toujours plus à droite et autoritaires. Ses « maitres à penser » sont alors Charles Maurras, le concepteur français du « nationalisme intégral » et de l’« antisémitisme d’Etat », et Benito Mussolini, le Duce des fascistes italiens. Le 6 octobre 1931, Joris van Severen met sur pied le Verbond der Dietsche Nationaal-Solidaristen (Verdinaso, en français : l’Union des nationaux-solidaristes thiois). Son mouvement à l’ambition de constituer un « Etat thiois », regroupant tous les néerlandophones de Lille à Groningue, du nord de la France au nord des Pays-Bas. Pour y parvenir, van Severen théorise une doctrine, le « national-solidarisme ». Son Etat devra être autoritaire, d’Ordre nouveau.
Pour diffuser sa propagande et sécuriser ses meetings, le Verdinaso se dote d’une milice en uniforme, forte de près de 5.000 miliciens, formée pour beaucoup des gros bras de la cause national-flamande. Son nom : Dinaso militanten orde (DMO).
En juillet 1934, Joris van Severen adopte une nouvelle orientation stratégique et étatiste. Du nationalisme flamand souhaitant la fin de la Belgique, il va désormais plaider pour la réunification de la Flandre belge, du nord de la France, des Pays-Bas, mais aussi de la Wallonie et du Luxembourg dans un « Dietsche Imperium » (l’Empire thiois). Ce changement de cap va provoquer un schisme au sein du mouvement flamand : le VNV reproche à van Severen de glisser du « nationalisme populaire » vers le « nationalisme d’Etat ». Il est aussi accusé d’avoir fait allégeance à « l’establishment belge ». Mais, la Sûreté de l’Etat continuera de le considérer comme un leader dangereux pour la Belgique. Juste avant l’invasion du pays par l’Allemagne, Joris van Severen est arrêté le 10 mai 1940 et transféré en France. Dans l’agitation liée au climat de guerre, il est fusillé en même temps que vingt autres prisonniers. Sous l’occupation, une grande partie du Verdinaso se ralliera au parti collaborationniste de Staf De Clerq, le VNV.

2. Van Severen est-il une référence pour l’extrême droite contemporaine ?

C’est le cas. Dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, un véritableculte à la personnalité de Joris van Severen est cultivé par ses disciples, parmi lesquels se retrouvent notamment des ex-collaborateurs et autres membres du VNV. Lors de la recréation, en 1972, de la Vlaamse militanten organisation (VMO, cofondée en 1948 par Bob Maes), cette organisation nationaliste héritière de l’extrême droite flamande des années 1930-1940 va se rebaptiser en Vlaamse militanten orde (VMO), un clin d’oeil évident à laDinaso militanten orde (DMO), la milice du mouvement de van Severen. Plus tard, dans les années 2000, d’autres disciples d’extrême droite s’activeront au sein de la Nieuw solidaristisch alternatief (N-SA), en français : la Nouvelle alliance solidariste. En 2011, une « vaste session » sur Joris van Severen et le Verdinaso est mise au programme de l’université d’été des Vlaams BelangJongeren (VBJ). Le « groupe d’action nationaliste » Voorpost, l’un des piliers fondateurs du Vlaams Blok/Belang, commémore encore le souvenir du chef fasciste flamand.
Du côté francophone, van Severen est aussi une référence idéologique. Dans les années 1970, des groupes d’extrême droite adhèrent en partie à ses thèses solidaristes. C’est par exemple le cas du Front de la jeunesse, la plus importante organisation néofasciste à Bruxelles et en Wallonie. Dans les années 1990, une tendance interne du Front national belge se revendique des théories de van Severen. La bannière wallonne de Terre & Peuple, un mouvement de « défense de la race blanche », célèbre toujours de nos jours le père du national-solidarisme.

3. Qui organise le « Sixième colloque Joris van Severen » ?

Le colloque qui se tiendra ce 25 octobre est une initiative officielle d’une asbl localisée à Ypres, en Flandre occidentale, connue sous le nom deStudiecentrum Joris van Severen (Centre d’études Joris van Severen). Celui-ci est directement lié à la Stichting Joris van Severen (Fondation Joris van Severen). La mission initiale de ce centre d’étude est d’analyser la vie et l’œuvre politique du dirigeant-fondateur du Verdinaso. Tous les trois mois, ce centre publie une lettre d’information, et des annales. Tous les deux ans est organisé également un colloque.
Ce centre d’études bien particulier ne fait pas partie de l’extrême droite, cependant, il a toujours été composé et soutenu par des activistes du mouvement nationaliste flamand, dont certains proviennent des rangs de l’extrême droite. C’est le cas de Luc Pauwels (voir la question suivante de notre présent article). En 2014, des sites Internet d’organisation d’extrême droite (NSV, Bormshuis...) proposent toujours des liens vers celui du Studiecentrum Joris van Severen. Au niveau local, pour organiser ses activités de commémoration du souvenir du leader du « fascisme à la flamande », il peut surtout compter sur des élus de la N-VA.

4. Qui y interviendra ?

Le mot de bienvenue du « Sixième colloque van Severen » sera prononcé par le bourgmestre de la commune où se déroule le colloque, Koen Degroote, membre de la N-VA. Ensuite, le président du centre d’études, Vik Eggermont, introduira les orateurs.
Tom Cobbaert, archiviste auprès de l’Archief en Documentatie centrum voor het vlaams-nationalisme, parlera de « la pensée européenne chez Joris van Severen et le Verdinaso », et Luc Pauwels évoquera le « Joris van Severen dans la perspective européenne large ». Le second intervenant dirige laDeltastichting (Fondation Delta), un cercle de réflexion idéologique lié à l’extrême droite européïste, conduite par le Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE). Dans les années 1960, le même Luc Pauwels fut l’un des dirigeants de la branche flamande de Jeune Europe, l’organisation « nationaliste-révolutionnaire » » de Jean Thiriart. Pauwels est par ailleurs membre du conseil d’administration du Studiecentrum Joris van Severen.
Après un « repas breughélien », Pieter Jan Verstraete, auteur de livres sur des personnalités polémiques de l’histoire, présentera une « Fotobiographie Joris van Severen ». Le mot de la fin de ce colloque sera prononcé, à nouveau, par le bourgmestre N-VA Koen Degroote.

5. Qu’en pense le président de la N-VA, Bart De Wever ?

De retour de Chine, Bart De Wever est passé dans tous les médias possibles (ATV, VRT, VTM, Het laatste Nieuws, De Morgen…) pour défendre son ministre de l’Intérieur Jan Jambon et son secrétaire d’État Théo Francken, membres N-VA du gouvernement fédéral de Charles Michel mis en cause à propos de leurs liens avec des anciens collaborateurs. Irrité, Bart De Wever s’est demandé s’il ne valait pas mieux s’occuper des problèmes de la première moitié du XXIe siècle et pas de ceux de la seconde moitié du XXe siècle.
Alors, pourquoi le député fédéral-bourgmestre N-VA Koen Degroote doit-il accueillir dans sa commune un colloque sur le fondateur d’un mouvement fasciste actif dans les années 1930 ?

6. De Wever connaît-il le Centre d’études Joris van Severen ?

Oui. Le 16 septembre 2000 exactement, Bart De Wever, alors jeune historien, y était l’invité sur le sujet « L’ombre du leader. Joris Van Severen et le nationalisme flamand d’après-guerre ». Une participation qui pose problème apparemment : une tentative d’effacer cette information a encore été faite récemment sur les pages Wikipedia relatives à Bart De Wever.
Suite à sa contribution en 2000, Bart De Wever reste toujours mentionné sur le site Internet du Centre d’études Joris van Severen, comme un des collaborateurs de ses annales et de sa lettre d’information.

7. Que doit faire le N-VA Koen Degroote ?

Sa participation ce samedi au « Sixième colloque Joris van Sevren » devrait tout naturellement poser un nouveau soucis au premier ministre du gouvernement fédéral : voici encore un membre N-VA de sa majorité qui va se faire remarquer à propos des heures sombres de notre pays.
En participant à ce colloque, Koen Degroote contribue à la réécriture de l’histoire du mouvement nationaliste flamand au service de son courant d’extrême droite. Joris van Severen n’était pas un démocrate. Koen Degroote devrait annuler sa participation active à ce colloque.

PLUS D’INFOS SUR JORIS VAN SEVEREN ?
En 2009, réactualisé en 2011, RésistanceS.be consacrait un dossier complet de plusieurs articles sur ce leader du fascisme raciste à la flamande. Ce dossier est toujours en ligne gratuitement sur notre site central :
Au cœur de l’idéologie national-solidariste

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